II
Une demi-heure plus tard, le major Robert Mitchell, chef de la police locale, s’entretenait avec l’oncle et le neveu.
— Il est certes un peu tôt pour rien affirmer, déclarait-il, mais une chose me semble évidente : le crime n’a pas été commis par quelqu’un de l’extérieur. Rien n’a été volé, il n’y a pas de trace d’effraction et, ce matin, toutes les portes et toutes les fenêtres étaient fermées.
Il se retourna vers Battle.
— Si je le demandais à Scotland Yard, poursuivit-il, pensez-vous qu’on vous mettrait sur l’affaire ? Vous êtes sur place, vous êtes parent avec Leach… Cela, bien entendu, si ça vous va… Je ne voudrais pas vous priver de la fin de vos vacances…
— Pour moi, répondit Battle, je suis d’accord. En ce qui concerne le Yard, il faut que vous en référiez à sir Edgar. Mais je crois que c’est un ami à vous…
Mitchell fit oui de la tête. Il était dans les meilleurs termes avec sir Edgar Cotton, commissaire principal adjoint de Scotland Yard.
— Je suis sûr, dit-il, que je m’arrangerai très facilement avec sir Edgar. C’est donc entendu ! Je lui téléphone tout de suite.
Il empoigna le récepteur et demanda qu’on lui appelle Londres.
— Vous croyez, dit Battle, qu’il s’agit d’une affaire importante ?
— C’est surtout, répondit Mitchell, une de ces affaires où nous ne pouvons pas nous permettre une erreur. Il faut que nous soyons absolument sûrs de notre homme… ou de notre femme !
Battle hocha la tête sans rien dire. Il comprenait parfaitement ce que les mots n’exprimaient pas.
« Il croit savoir qui a fait le coup, pensa-t-il, et ça l’ennuie terriblement. Il doit s’agir de quelqu’un de très connu dans la région et sans doute d’une personnalité fort honorable. Si je me trompe, je bouffe mon chapeau ! »